Aidants familiaux : les changements au quotidien

des changements importants surviennent dans le foyer des aidants dés qu'ils s'occupent d'une personne dépendante.

aidants familiaux

votre proche vieillit mal, ou plus vite que vous, ou bien il est atteint d'une pathologie qui évoluera, vite ou moins vite, mais qui évoluera…

confronté à ces changements inexorables, il est naturel et sain de se protéger afin de réduire la souffrance vécue. il va falloir renoncer aux projets qui ne pourront se réaliser, à l'appui que le proche représentait, aux échanges que l'on n'aura plus.

c'est un travail de deuil qui doit être accompli, au sens d'accepter la perte de ce qui n'est plus, la perte de votre proche tel qu'il était "avant". cela demande de ne pas idéaliser le passé au risque de refuser le présent et ce que la personne est devenue, ce qui ne pourrait qu'engendrer de l'agressivité à son égard.

accompagner son proche demande beaucoup et peut confronter à nos limites physiques ou psychiques. ne pas se sentir capable de tout assumer peut amener à un sentiment d'échec, à la culpabilité, à se sentir incapable alors qu'on fait tout son possible.

penser que par amour ou par devoir on peut guérir l'autre est illusoire : le vieillissement ou la maladie évolueront, même lentement. il est naturel et sain de vouloir survivre et de se préserver.

une autre difficulté se présente : la maladie et le vieillissement font parfois fuir parents et amis. l'aidant souffre de l'incompréhension de ses proches, la reconnaissance fait défaut, la solitude est là, l'isolement se profile.

ne restez pas dans le silence et la souffrance. faites savoir à votre famille ce que vit votre proche et ce que vous vivez, faites-vous accompagner auprès d'associations spécialisées.

quels signes doivent vous alerter sur votre propre état ?


  • le refus de reconnaître ou accepter le vieillissement ou la maladie et les effets, vouloir croire que cela passera comme c'est venu…
  • une tendance à l'agressivité envers le patient, un sentiment d'injustice et une certaine colère face à la situation : personne ne vous comprend…
  • le repli sur soi. le courage manque pour les activités qui vous plaisaient pourtant auparavant, pour rencontrer des amis qui ne comprendraient pas. pourtant la solitude vous pèse…
  • la fragilité émotionnelle. vous devenez triste, découragé, irritable. vous pleurez pour un rien. vous appréhendez l'avenir, le moindre souci vous rend anxieux.
  • les difficultés de concentration (lecture, conduite…), oublis en tous genres : tout devient source d'anxiété.
  • l'épuisement physique sans raison, dès le matin. perte de l'élan vital, les tâches quotidiennes semblent insurmontables. et le deviennent…
  • les troubles du sommeil. toute votre attention est tournée vers le malade et votre sommeil est perturbé : réveil en pleine nuit, difficultés à se rendormir, cauchemars…
  • la santé se dégrade : problèmes de poids, d'hypertension, maux de dos, maux de tête, problèmes de santé récurrents. si les signes sont trop nombreux, trop présents, votre capacité à assumer sereinement vos charges est compromise.

c'est de vous maintenant qu'il faut s'occuper en priorité. pour le bien de tous. vivre au quotidien avec un malade peut faire passer dans la même journée par toutes sortes d'émotions contradictoires qu'il peut être difficile de maîtriser.

dans une situation difficile comme cet accompagnement, il est normal et compréhensible de se sentir malmené, frustré, agacé…

toutefois notre éducation fait que nous nous sentons coupables d'être parfois impatient, de nous emporter, nous avons honte de nos réactions et nous sentons coupables.

n'hésitez pas pourtant à partager vos émotions avec d'autres, voire à chercher un soutien auprès d'un thérapeute ou de groupes de paroles. cela vous aidera à prendre conscience que vos sentiments négatifs sont inhérents à la situation et partagés par les autres personnes dans votre situation.

article rédigé par annie audo, psychologue-gérontologue.